"Allez, vas-y, racontes-moi."Cela fait
"Allez, vas-y, racontes-moi."
Cela fait maintenant deux fois que je lui pose cette
question. Soit il est vraiment absorbé par l’observation des étoiles, soit il
est dans la Lune. Vous me direz, cela revient au même dans les deux cas, on est
toujours dans le domaine de l’astronomie et en plus, il ne m’écoute pas.
" Alors, vas-y ! Qu’est ce qui t’arrive ? Un
problème avec Lise ?"
S’il me répond oui, je saute de joie. En fait, tout bien
réfléchi, je pense que cela serait un peu déplacé quand même. Et puis un problème
ne signifie pas forcément rupture, même si j’aimerais bien. Ca rapproche
certaines personnes les ruptures parfois. Des meilleurs amis par exemple. Et je
dis ça sans arrière pensée.
"Non, ce n’est pas cela."
Profonde déception. J’espère que ça ne se lit pas sur mon
visage.
"Pourquoi tu n’es pas avec elle ce soir
alors ?"
(Question pleine d’espoir)
"Oh, elle a reçu un appel d’une de ses copines et tu la
connais, ça peut durer des heures."
J’aurais du m’en douter. Une vraie pipelette cette fille.
Quand elle démarre, impossible de l’arrêter. Heureusement qu’on ne paye pas les
factures téléphoniques… En plus je ne la comprends pas. Elle est avec ses amies
à longueur de journée et pourtant, le soir elles ont toujours quelque chose à se dire. Qu’est ce qui peut bien leur
arriver de si extraordinaire en si peu de temps ?
"Qu’est ce qui ne va pas alors ? Si tu me dis que
tout va bien, je ne te croirais pas.
- Je ne sais pas. J’ai le cafard, c’est tout. Je me pose des
questions sur ma vie et sur moi-même. Une petite crise existentielle.
- Oui cela nous arrive tous à un moment ou à un autre. Tu veux
en parler ? Parce que tu sais, des trucs de ce style, il ne faut pas les
garder pour toi. Il y a des gens qui se donnent la mort pour moins que ça.
- Ne t’inquiètes pas, je n’irais pas jusque là je pense. C’est
juste que je ne me sens pas à ma place en ce moment. Je n’ai pas à me plaindre,
je réussis dans mes études, j’ai une super copine…
- Mais … ?
- … mais je ne me sens pas à ma place dans tout ça. C’est
comme si je sentais que je ne devrais pas être ici. Comme si je sentais que
j’avais une autre vie à vivre ailleurs. C’est assez bizarre comme sensation en
fait.. J’ai l’impression d’être dans la peau de quelqu’un qui n’est pas moi. Je
suis arrivé à donner le change jusqu’à maintenant mais je sens que je ne vais
plus tenir longtemps. Il va falloir que j’effectue des changements dans ma
vie."
C’est une grave crise qu’il nous fait. J’ai peur des
conséquences qu’elle peut avoir. J’espère que je ne suis pas sur la liste des
choses à changer…
Il s'est levé et à commencer à repartir vers la porte de la résidence. Il faut que je sache.
"Quel genre de changements ?"
- Je ne sais pas trop encore. Il faut que je réfléchisse encore
sur ce qui pourrait m’enlever ce malaise. Il faut que je trouve un véritable
sens à ce que je fais parce que j’ai l’impression que tout ce que j’ai
construit jusqu’à présent ne sert à rien. J’ai l’impression de ne servir à
rien. Comme ces ados superficielles qu’on voit dans les séries à succès. A la
différence que je ne suis plus un ado. Tu comprends ce que je veux dire ?
Je pense qu’il va falloir que je fasse quelques sacrifices."
Je n’aime pas la façon dont il a terminé sa phrase. Cela me
rappelle trop le genre de phrase dont on a envie de connaître la fin mais en
ayant peur de ce qu’on pourrait entendre.
" Tu vas tout quitter ? Tes études, tes amis….Tu
vas aller t’installer ailleurs ? Dis-moi que je me trompe, s’il te plaît…
- Mais où tu vas chercher tout ça ? Je ne vais pas non plus
gâcher ma vie pour ça. J’ai juste dis que j’avais besoin de petits changements.
Je ne pourrais jamais te quitter. Je me sens trop bien avec toi."
Ca y est, le moment que j’attends depuis des années est
enfin arriver. Il m’a enfin remarquée et ne peut plus résister à mon charme
fou. Je ne sais pas ce qu’il lui a ouvert les yeux comme ça mais c’est
merveilleux. Dans quelques secondes, il va m’annoncer qu’il m’aime.
"Et enchuite ?
- Il m’a dit qu’il ne pourrait pas non plus te quitter puisque
nous sommes ses meilleures amies et qu’il se demande quel genre d’ami il serait
s’il nous abandonnait. Et aussi que notre amitié était trop forte pour qu’il la
remette en cause."
On dirait un mauvais feuilleton à l’eau de rose. Je suis
dans la cuisine assise devant un reste de spaghetti réchauffé vite fait bien
fait parce que j’avais besoin de manger pour me consoler. Je vous assure que ça
fait du bien de parler même si face à ses problèmes on est toujours seul. Même
un geste de sympathie est le bienvenue dans ses cas là. C’est bon de se savoir
soutenu dans des moments où on en a besoin. Parce que croyez-moi, je m’en suis
pris beaucoup des claques de ce genre dans ma vie. C’est ça d’être accro à un
gars qui ne vous voit que comme sa meilleure amie. Le seul point positif de
l’affaire, c’est qu’il n’a pas dit qu’il ne souhaitait pas quitter Lise. Cela
fera une pouf en moins. Désolé si je ne mâche pas mes mots mais je crois que je
commence à en avoir marre de me faire jeter, même si ce n’est pas volontaire de
sa part. Je dis cela ce matin, parce qu’il est trois heures du matin, que je
n’ai pas encore dormi et que je suis encore sous le coup de l’émotion mais dès
que je vais le vois demain, je ne pourrais plus lui en vouloir. C’est vrai que
ce n’est pas de sa faute. Je ne suis pas très explicite dans mes sentiments
envers lui, alors comment peut-il savoir que je meurs d’amour pour lui. Si cela
se trouve bien, lui aussi mais il pense qu’il n’est pour moi que mon meilleur
ami. Il va falloir faire quelque chose pour ça et vite. Si jamais il quitte
Lise, je lui avoue tout.
Cela fait maintenant un petit moment que la conversation
avec Raya est terminée. Elle était fatiguée, avait cours tôt ce matin et avait
finit par céder à l’appel de son lit qui lui ordonnait d’aller se coucher sous
peine piquer du nez au plein milieu d’un amphi plein à craquer. Je suis donc
restée seule avec mes démons intérieurs au milieu de cette cuisine vide et
froide. Mais très vite, Lise m’avait rejointe. Elle avait ressenti un petit
creux à la suite de son interminable appel téléphonique et avait rejoint la
cuisine en espérant sans doute la trouver vide et qu’ainsi aucun de nous ne la surprenne
en flagrant délit de grignotage. C’est qu’elle a une réputation à défendre la
demoiselle. Apparemment, cela ne l’a pourtant pas gênée de me trouver là.
Peut-être ne suis pas assez importante à ses yeux pour qu’elle prenne la peine
de cacher ses intentions. En tout cas, elle n’a pas hésité à se servir une
généreuse portion de spaghetti qui finissaient de refroidir dans un coin de la
cuisine. Elle est maintenant à côté de moi, essayant de débuter une
conversation qui m’ennuie déjà. Il faut dire que la pluie et le beau temps
alors qu’il fait un temps magnifique depuis plusieurs mois maintenant, ce n’est
pas très malin, ni très original d’ailleurs. Je me demande si elle a remarqué
que Doug est mal dans sa peau en ce moment ou si elle est vraiment tel que je
le pensais, superficielle et inquiète seulement de sa propre personne. Vraiment
pas le genre de fille qu’il lui faut en ce moment. J’espère qu’il va prendre la
bonne décision et que les changements qu’il envisage vont comprendre une
éventuelle séparation. On l’aurait encore sur notre dos parce qu’on ne peut pas
la virer comme ça de la résidence, seul l’université peut le faire, mais elle
pourrait très bien partir d’elle-même. Le rêve absolu.
" Hé, ho ! Il y a quelqu’un ? Tu m’écoutes ou
quoi ?
- Hein ? Quoi ?
- Laisse tomber. Tu ferais mieux d’aller te coucher parce que tu
ne vas pas être très fraîche en te levant tout à l’heure. Déjà que ce n’est pas
terrible d’habitude, les cernes en dessous des yeux ne vont pas t’arranger ma
pauvre. Si tu veux j’ai une crème qui fait des merveilles….
- Non, merci, ça va."J’ai quitté la pièce sans une bonne nuit. Cette fille
me tape sur les nerfs, elle ne le mérite même pas. Sympa quand même, sa façon
détournée de me dire que je suis laide. De toute façon rira bien qui rira le
dernier.
Ok, j’avais l’intention d’aller me coucher mais je n’arrive
pas à dormir. Je n’arrête pas de penser à Doug et à ce qu’il m’a dit. Cela me
travaille tout ça.
Tant pis, demain je n’irais pas en cours, je pense que je ne
serais pas totalement à fond. Avec mes problèmes, plus les siens, il m’est
difficile d’imaginer que quelqu’un pourrait tenir sans craquer. Personne n’est
parfait, surtout pas moi. Je ne pense pas que j’en sois au point d’aller rendre
visite à un psy (-chologue, chiatre, chanalyste ou ce que vous voulez, cela
m’est égal je n’ai jamais réussi à faire la différence. La seule chose que j’ai
retenue c’est que le psychologue n’a pas de divan, du coup c’est moins
confortable de lui parler) mais j’ai quand même besoin d’une petite pause moi
aussi. Pour tout bien remettre en ordre. Et puis je pourrais profiter de cette
journée pour continuer mes recherches si j’ai besoin de me changer les idées.
D’ailleurs si je suis encore réveillée à cette heure si tardive c’est parce que
j’ai reçu des informations très intéressantes de Mlle Lain, la dame qui
s’occupe de l’orphelinat de Forgottendale. Ma maman quoi. Elle m’a toujours
demandé de l’appeler au moins par son prénom, Orphée, mais pour moi elle a
toujours été et elle restera Mlle Lain, celle qui m’a recueillie et élevée avec
amour. J’ai une grande estime pour elle et le fait que je refuse de l’appeler
par son prénom n’est pas une forme de mépris ou quelque chose de ce genre mais
c’est juste que j’aurais l’impression de lui manquer de respect en cessant de
la nommer comme la grande majorité de gens.
Elle m’a donc envoyé une info très intéressante sur une
vieille dame qui serait partie de Forgottendale juste avant la catastrophe et
qui aurait ainsi elle aussi échappé à la mort, tout comme nous deux. Et le plus
intéressant c’est qu’elle exerçait le métier de nourrice. Donc il y a peut être
une chance qu’elle nous connaisse. Nos parents auraient très bien pu faire
appel à ses services pour nous garder. Mais le seul problème c’est de savoir où
elle vit maintenant et surtout si elle est encore en vie. Mes recherches sur Internet
ne donnent rien pour l’instant mais je ne lâcherais pas l’affaire tant que je n’aurais pas obtenu ne serais-ce
qu’un bout d’adresse. Au moins, j’aurais un point de départ un peu plus précis
que n’importe où sur le globe.
Plongée dans mes réflexions comme je l’étais, je n’ai même
pas entendu que Raya avait ouvert la porte de ma chambre, curieuse sans doute
de savoir pourquoi j’étais encore debout à l’heure où elle se levait pour aller
en cours. Elle a l’air assez étonnée car je devrais être coucher attendant
patiemment que mon réveil m’annonce qu’il est l’heure pour moi de commencer la
journée mais elle a compris très vite pourquoi ce n’est pas le cas et que si je
suis assise devant mon ordinateur c’est que je n’ai pas les idées assez claires
pour pouvoir réussir à m’endormir, même si je tombe de fatigue. Comme c’est une
fille intelligente, elle sait aussi que je n’ai pas forcément envie d’en parler
tout de suite et qu’il ne vaut mieux pas qu’elle s’aventure dans cette voie
tant que je n’en exprime pas le besoin. Alors elle s’est intéressée à ce que
j’étais en train de faire, c’est à dire, mes recherches comme elle le fait
assez régulièrement d’ailleurs.
Elle n’a pas été adoptée, elle, et elle s’est installée à
Forgottendale avec ses parents après la reconstruction mais aussi loin que je
me souvienne, depuis que l’on se connaît, elle a toujours été à mes côtés pour
ces recherches et a toujours espéré que je retrouve ma famille pour que j’ai
moi aussi des noms et des visages à associer à l’image que je me fais de ce
qu’elle a pu être. Raya m’a toujours aidée quand j’en avais besoin. C’est elle
qui, entre autres, est toujours là pour me remettre sur les rails quand
l’espoir s’en va et que je suis sur le point de tout abandonner lassée par les
recherches qui n’aboutissent pas ou bien par peur de trouver ce que je cherche
depuis tant d’années. Oui, peur de toucher mon but, peut de casser l’image de
la famille idéale brisée par une catastrophe que je me suis construite. Imaginez
que mes parents sont en fait des criminels recherchés et dangereux ou alors
qu’ils m’ont lâchement abandonné parce qu’ils ne me désiraient pas quand je
suis née. C’est là qu’est tout le paradoxe : je souhaite de tout mon cœur
savoir qui je suis mais je crains que ce que je risque de découvrir ne me
plaise pas du tout. Pour l’instant ce sentiment n’est pas encore là mais je
sais qu’au fur et à mesure que j’approcherais du but, les craintes, les doutes
vont arriver. De toute façon, cette piste je ne suis même pas sûr qu’elle
puisse être suivie ne serait-ce qu’un court instant. A moins que… Raya connaît
peut être la bonne personne, elle a tellement de relations que cela ne m’étonnerait pas qu’elle connaisse
quelqu’un qui connaît quelqu’un qui…etc.…qui connaît LA bonne personne.
On s’est installée à même le sol pour discuter. Raya a eu
une drôle de surprise quand je lui ai demandé si elle pouvait essayer de
retrouver une femme, déjà vieille à l’époque et qui doit l’être encore plus
maintenant. Elle m’a dit un jour qu’elle aimerait s’investir encore plus pour
moi, je lui en donne l’occasion. D’accord, pour une première, je lui en demande
beaucoup mais c’est la seule piste que j’ai pu avoir depuis des mois et je ne
compte pas la lâcher car j’en ai marre des recherches qui ne donnent rien. Là
j’ai la chance unique de rencontrer une personne qui était là avant la
catastrophe et qui l’est toujours après. Du moins en théorie. En pratique, cela
marchera peut être moins bien vu l’âge qu’elle devrait avoir maintenant. La
seule chose qui compte vraiment pour
l’instant c’est que cette femme est partie juste assez tôt pour ne pas périr
corps et bien comme les autres mais aussi juste assez tard pour peut être
m’avoir vu naître et connaître mes parents. Une vieille nounou a forcément des
jeunes enfants à garder pourquoi mes parents ne lui auraient-ils pas demandée
de me garder moi ? C’est une chance que je ne peux pas laisser passer et
je dois la retrouver quoi qu’il puisse m’en coûter. Je suis prête à mettre le
prix qu’il faudra pour y arriver. Et si par la même occasion cela peut aider
Doug, je suis prête. Son problème ne viendrait-il pas aussi du fait qu’il lui
manque des repères de son enfance. Quelque chose qui lui permettrait de savoir
vraiment qui il est ? Son rétablissement dépend sans doute en grande
partie de l’avancement de mes recherches.
Je suis si excitée, jamais je n’ai jamais eu de si bonne
information. Jamais je n’ai été aussi proche du but, je peux presque le toucher
du bout des doigts. Il ne reste plus qu’un seul obstacle qui me sépare peut
être de la vérité. Raya va tout faire
pour qu’on retrouve cette femme mais si elle revient un jour en m’annonçant
qu’elle est introuvable, ce sera trop dur pour moi. En même temps, je ne peux
m’empêcher de penser que je vais sûrement être déçue comme les autres fois et
qu’il vaudrait mieux que j’arrête tout de suite avant de me faire du mal.
Heureusement, elle a l’air de déjà avoir une idée sur la façon de procéder.
Elle m’a promis qu’on la retrouverait et qu’elle remuerait ciel et terre s’il
le fallait. Je n’en demande pas tant mais c’est réconfortant de voir qu’il
existe des gens pour qui vous comptez autant. J’espère qu’elle sera encore là
pour me réceptionner si jamais je tombe de haut.
Elle n’a pas attendu longtemps avant de commencer à tenir sa
promesse. Elle est déjà en grande discussion avec une des ses connaissances, un
prof de l’université, qui aurait soit disant dans des tonnes de relations. Raya
place un grand espoir dans cet homme. C’est vrai qu’il a l’air sincère quand il
dit qu’il connaît beaucoup de monde mais je ne sais pas s’il connaît vraiment
les bonnes personnes. Quelqu’un qui saurait où est passée cette nounou, qu’elle
soit vivante ou morte. J’aimerais qu’elle soit encore vivante mais si le destin
en a décidé autrement, c’est que je ne dois pas encore tout savoir sur moi. Vous
croyez au destin vous ? Que votre histoire est déjà tracée et que quoi que
vous fassiez, c’était déjà écrit quelque part et vous ne pouvez rien y
changer ?
Moi j’y crois. Comment voulez-vous que j’ai survécu à une
des plus grandes catastrophes, non que deux bébés aient survécus alors que le
reste des habitants est mort de manière atroce ? Et surtout que ces deux bébés soient trouvés au même endroit
alors qu’ils n’ont visiblement aucun lien de parenté ? Je ne pense pas que
ce soit un hasard. Si on était tous les deux à cet endroit, cela a sûrement une
signification, il ne peut pas en être autrement !
En attendant, comme Raya voulait que je la laisse seul avec
son professeur (n’allez pas vous imaginer des choses, hein, je vous vois
venir…) je suis allée faire un peu de sport. Je sais qu’elle n’a pas besoin de
moi, c’est une championne pour convaincre les gens. Si Doug et moi ne la
connaissions pas mieux, je suis sûr qu’elle pourrait nous faire faire tout ce
qu’elle veut. En fait au début, elle pouvait mais elle n’en abusait pas trop,
elle sait se retenir d’utiliser son talent avec les gens qu’elle apprécie
beaucoup. Maintenant, on est rodé et elle n’arriverait même pas à nous
convaincre pour la moindre chose, aussi petite soit-elle.
Quand c’est non, c’est non. Mais avec les autres, elle fait
toujours mouche. Comment croyez-vous qu’on ait obtenu des chambres dans la plus
luxueuse des résidences universitaires du campus ? Je vous assure que le
saint esprit n’a rien à voir là dedans. Mais je vous vois encore venir et je
vous assure qu’elle use peut-être de son charme mais qu’elle n’en abuse pas. Elle
n’est pas du genre à draguer tout ce qui passe et elle ne connaît pas la
promotion canapé.
Le sport c’est une assez bonne idée pour se détendre
d’habitude, pour évacuer les mauvaises énergies en même temps que les toxines
mais je crois qu’aujourd’hui ce n’est pas vraiment ce que j'aurais du faire. En fait
c’est exactement le contraire de ce dont j’aurais besoin mais maintenant que
j’ai commencé, je ne peux plus arrêter, j’aurai l’air idiote et on penserait
que je n’ai pas assez de courage pour continuer. Quand je dis on, je pense Lise
bien sûr. Je la vois, en train de m’observer pendant qu’elle se bronze au bord
de la piscine. Elle ne travaille donc jamais ? Entre les appels
téléphoniques, les sorties entre copines et les séances de bronzage, je me
demande bien comment elle fait pour avoir des bons résultats à ses examens. Et
puis Doug juste à côté qui fait des longueurs dans la piscine, cela n’arrange
rien. Comment se concentrer sur autre
chose ? Je ne sais pas comment expliquer cela mais quand une personne
déprime autour de moi, je déprime aussi. Ses problèmes deviennent mes problèmes
et impossible de retrouver le moral avant que la personne en question ne l’ait
retrouvé elle-même. Autant vous dire que je ne suis pas très joyeuse en ce
moment et que ça va peut être durer encore un moment. En plus, rien que de le voir,
cela me fait de la peine. De la peine à cause de ce qu’il ressent mais aussi
parce qu’il n’a toujours pas le courage de commencer une nouvelle vie. La
preuve, il n’a toujours pas parlé à Lise. Je suis sûr de ne pas me tromper, il
va quitter Lise, mais quand ?
J’aimerais pouvoir l’aider, le consoler, trouver les mots
justes pour exprimer ce que je ressens et l’aider à se sentir mieux. Je ne sais
pour quelles raisons, quand quelque chose est très claire dans ma tête, je
n’arrive pas à trouver la façon de la dire alors imaginez maintenant que c’est
plus que fouilli dans mon esprit alors c’est carrément mission impossible. Je n’arrive
jamais à montrer exactement ce que je veux. Saleté de caractère ! C’est
fou ce que cela peut me pourrir la vie par moments. Je me sens si frustrée de
ne pas savoir comment réagir, de ne pas pouvoir faire ce que ferait un
véritable ami.
C’est vrai qu’est ce que je fais pendant qu’il se morfond ?
Je parle, je pèse le pour et le contre et je l’observe alors que je sais très
bien qu’il est au plus mal. Je reste plantée là comme une idiote et je ne fais
que ça. Penser, toujours penser. Mais agis bon sang ! Je ne vais
simplement regarder parce que j’ai peur de montrer mes sentiments. Allez ma
grande, prends sur toi et fonce.
" Marinaaaaa… Tu es là ou tu es partie sur une autre
planète ? Il faut que je te parle."